Aux frontières de la mort

Après des dizaines d’années de silence, d’indifférence et de négationnisme scientifique de la part du corps médical, la multiplication des témoignages de patients ayant vécu des expériences de mort imminente, ou EMI,  pousse des équipes universitaires à travailler scientifiquement sur le sujet…

RAPPEL DE CE QUE SONT LES EMI

Pour ceux qui ignorent tout des EMI pour Expérience de Mort imminente (en anglais NDE pour Near Death Experience)elles peuvent être définies par une série de phénomènes rapportés le plus souvent par des personnes données pour décédées ou mortes cliniquement : sortie du corps, visualisation des scènes proches du lieu où se trouve le patient, passage par un tunnel souvent sombre et à la fin duquel se trouve une lumière éclatante mais non aveuglante, éventuelle rencontre de proches décédés, nouvelle expérimentation de la vie du patient depuis sa naissance, puis retour dans son corps et « réveil ».

 EMI: PREMIERES ETUDES SCIENTIFIQUES

Une étude américaine conduite à l’université de Médecine Stony Brook à New York vient de confirmer que le cerveau reste potentiellement actif quelques heures après un arrêt cardiaque.

Le phénomène n’est pas nouveau. Si un silence complet a longtemps prévalu de la part du milieu médical, il a fallu que le docteur Raymond Moody publie son livre « la vie après la vie » https://www.amazon.fr/VIE-APRES-Docteur-Raymond-Moody/dp/2221000501  en 1975, suivi par des dizaines d’autres auteurs, pour que le phénomène soit progressivement reconnu comme réel par la profession.  Il en a suivi le plus souvent de très nombreuses publications traitant de l’aspect spirituel de la vie après la vie. Les scientifiques par définition sceptiques n’ont pas encore trouvé d’explication. Cependant, certains y travaillent.

Le docteur Raymond Moody
Depuis 1975 et son livre « la vie après la vie », la parole sur ce sujet a été libérée

UNE MULTIPLICATION DES TEMOIGNAGES GRACE AUX DEFIBRILLATEURS

La démocratisation des défibrillateurs permet une augmentation considérable du nombre de témoignages.

Il toucherait entre 10 et 20% des victimes d’infarctus mais aussi des victimes de coma hypoglycémiques ou des maladies de Parkinson et Alzheimer. Certains individus rapportent des expériences mystiques de décorporation et de voyages astraux mais c’est un autre sujet. L’utilisation de défibrillateur et la meilleure réactivité des populations vient démultiplier les témoignages de survivants. https://restenvie.com/arrets-cardiaques-chiffres-precis/

Le directeur de recherche à l’université de New York, le docteur Sam Parnia explique : « Après l’arrêt cardiaque, le cœur cesse de pomper le sang vers le cerveau et celui-ci commence lentement à se fermer. L’activité du cortex cérébral ralentit mais les cellules du cerveau restent actives. Ce processus de fermeture lente du cerveau peut durer des heures et même si la personne est dans un état de mort clinique elle peut demeurer consciente de son environnement. Lorsque la réanimation cardio-pulmonaire (RCP) est réalisée sur le patient, le cœur redémarre et le cerveau fonctionne également ». En outre, « les personnes qui ont vécu ces expériences très profondes reviennent positivement transformées. Ils deviennent plus altruistes, plus engagés à aider les autres. Ils trouvent un nouveau sens à la vie après avoir rencontré la mort. Mais il n’y a pas d’amélioration soudaine et magique de leurs souvenirs ». http://www.genethique.org/fr/apres-un-arret-cardiaque-le-cerveau-reste-actif-plusieurs-heures-70813.html#.XAj_1PZFw6Y

Si les survivants se souviennent du tunnel, des proches décédés présents pour les accueillir, certains déclarent avoir vu le personnel médical s’affairer autour d’eux, comprendre leurs conversations, bien visualiser leur environnement, alors que leur cœur s’est arrêté de battre », explique le Dr Sam Parnia Cela induit que les mourants pourraient entendre les médecins prononcer l’heure de leur propre décès avant de « mourir vraiment »…

Le docteur Parnia n’est pas particulièrement croyant. Il explique: «  Je risque beaucoup en menant ce type d’expériences. Je suis évidemment intéressé par les réponses et je ne sais pas. Comme je l’ai déjà dit, si je devait tout interpréter sur la base de mes connaissances actuelles en neuroscience, alors ma conclusion serait que tout ce la est probablement une illusion ». A l’occasion d’un protocole de recherches nommé AWARE, il demande à des patients victimes d’arrêts cardiaques de décrire des images cachées au dessus de leur lit. Il est très critiqué par les convaincus qui soutiennent que cette méthodologie n’est pas objective. Il répond en argumentant qu’il n’a aucune conclusion définitive et aucune conviction scientifique. 

 LA SURVIE DE L’ACTIVITE DU CERVEAU A LA MORT PHYSIQUE

Quand le cœur cesse de battre, le sang ne circule plus jusqu’au cerveau. Les fonctions cérébrales s’arrêtent quasi instantanément. Tous nos réflexes (réflexes laryngé, pupillaire, etc) disparaissent. L’activité du cortex cérébral (la partie « pensante » de notre cerveau) s’arrête aussi et l’électroencéphalogramme est plat dans les 2 à 20 secondes qui suivent l’arrêt cardiaque. S’ensuit une cascade de réactions qui conduisent à la mort des cellules du cerveau, « mais cela peut durer des heures après l’arrêt du cœur« , fait savoir le Dr Parnia. http://www.doctissimo.fr/sante/news/arret-cardiaque-mort-conscience

LA RCP NE PERMET QUE D’ALIMENTER LE CERVEAU A 15% DE SON FONCTIONNEMENT NORMAL

Aussi, la réanimation cardio-pulmonaire,  (compressions thoraciques ou massage cardiaque et éventuellement bouche à bouche ou insufflations) à pratiquer quand le cœur d’une personne s’arrête, permet d’envoyer du sang jusqu’au cerveau (environ 15 % de la quantité nécessaire au fonctionnement normal du cerveau). Cela suffit à retarder la mort des cellules cérébrales mais pas à refaire fonctionner normalement le cerveau. Ce qui pourrait expliquer cet état de conscience face à une mort imminente. https://www.resuscitationjournal.com/article/S0300-9572(14)00739-4/fulltext

 DES OBSERVATIONS OBJECTIVES SUR LE CERVEAU DES RATS

La nouveauté est que les chercheurs ont identifié chez le rat une activité cérébrale très particulière quelques secondes après l’arrêt du cœur. Cette activité apparait comme plus intense qu’à l’état de veille et les chercheurs se demandent si cette activité cérébrale post mortem pourrait être à l’origine des expériences de mort imminente. Pour cela, les chercheurs ont réussi à placer des électrodes sur le cerveau des rats, ce qui est encore impossible pour l’être humain. https://www.pnas.org/content/110/47/E4406

L’objectif de l’étude était de démontrer des signes de conscience sous anesthésie générale et sous deux conditions extrêmes d’arrêt cardiaque et d’asphixie qui sont connue pour entraîner des expériences de mort imminentes. L’auteur de l’étude précise que les autres conditions qui accompagnent les expériences de mort imminente doivent encore être analysées dans de futures études.

DES FREQUENCES PARTICULIERES

Les études ont révélé que si l’activité électrique du cerveau des rats en train de mourir avait ralenti, des fréquences cérébrales particulières, les oscillations gamma ont augmenté. Ces oscillations sont présentes chez les humains à des moments d’acuité et de sensibilité visuelle accrue ainsi que chez les moines bouddhistes en médiation.

Les rats équipés d’électrodes sur différentes parties du cerveau avaient été anesthésiés avant d’être empoisonnés, leur activité cérébrale étant enregistrée avant l’anesthésie et leur sacrifice.

«L’étude est extrêmement intéressante et la méthode rigoureuse, indique Steven Laureys, de l’université de Liège, spécialiste reconnu du coma qui s’intéresse de près à l’EMI. Elle montre bien que l’activité cérébrale enregistrée juste après la mort n’est pas chaotique et qu’il y a une parfaite connectivité entre les différentes parties du cerveau.» Il admet volontiers qu’il est difficile de traduire ces observations animales chez l’humain, mais relève que les scientifiques reconnaissent désormais que, contrairement à ce que pensait Descartes, les animaux ont comme l’homme une forme de conscience. http://www.lefigaro.fr/sciences/2013/08/13/01008-20130813ARTFIG00401-l-etonnante-activite-du-cerveau-juste-apres-la-mort.php

En effet,  il y a évidemment une grande difficulté facilement compréhensibles à pouvoir placer des électrodes à l’intérieur du cerveau des mourants afin de recueillir des informations.

EMI : APPEL AUX TEMOIGNAGES

 Selon Yves Miserey du Figaro, le docteur Laureys de l’Université de Liège collecte actuellement des témoignages de patients revenus d’EMI http://www.coma.ulg.ac.be/home/steven.html Deux doctorants se consacrent entièrement à cette tâche

Le docteur Laureys peut être joint par mail à coma@ulg.ac.be 

Extrait d’une Interview du docteur Sam Parnia sur ses études sur le processus de la mort

Interview par Alex Tsakiris pour le site https://skeptiko.com

 

Nous étudions le processus qui se produit lorsque quelqu’un est mort, ce qui se passe dans le cerveau ; nous avons aussi du étudier ce qui arrive à l’esprit et à la conscience. En d’autres mots, quels sont les processus mentaux qui se produisent chez un individu lorsqu’ils sont entrés ans un processus de mort. Et ce que nous avons appris, c’est que la mort, à l’opposé de la perception publique n’est pas un moment. C’est en effet un processus qui est réversible pendant un certain temps, qui à ce jour dépasse une heure. Il y a des cas de personnes considérées comme mortes pendant trois ou quatre heures (et qui ont été réanimées)…

En conséquence le projet AWARE qui veut dire conscience pendant la réanimation (AWAreness during REsuscitation), est une expérience qui a été développée à la fois pour traiter des sujets importants pour tenter d’améliorer les conséquences d’un arrêt cardiaque pour ceux qui sont ramenés à la vie et en même temps, essayer d’étudier la conscience et la mémoire de ce qu’ils ont vécu lorsqu’ils étaient en arrêt cardiaque…

Nous avons étudié des centaines de ces cas auparavant tout comme l’ont fait de nombreuses autres personnes. Une partie de ce que nous voulions faire était de mettre en place une expérience qui testerait objectivement les affirmations des gens qui ont survécu à un arrêt cardiaque. Parce qu’à ce point nous ne savons absolument pas si ces affirmations sont correctes. En d’autres mots, est ce que les gens voient vraiment des choses depuis le plafond. Ou est ce une sorte d’illusion ? C’est essentiellement ce sur quoi l’expérience portait…

Le point que je tente d’expliquer est que cela n’a jamais été validé. Donc, par exemple, il n’y a aucune expérience qui démontre que le manque d’oxygène cause des EMI ni qu’aucun autre processus chimique conduise à une EMI. Nous devons accepter que lorsque les gens meurent, des transformations chimiques se produisent dans le cerveau et que nous n’avons pas encore découvert lesquels sont liés aux EMI…

Cependant, le point à réaliser et il est important que si la science identifie un jour les produits chimiques et les processus et imaginons que c’est la région X du cerveau et que sont concernés les produits chimiques y et Z. Comment cela nous dira si les EMI sont ou ne sont pas réelles. . Le malheureux problème est que beaucoup de gens ont, selon moi, tiré une conclusion incorrecte selon laquelle parce que vous avez identifié un processus chimique cela signifie automatiquement signifie que l’expérience est une hallucination. C’est précisément le point que je tente de mettre en avant.

Et je crois qu’il est important pour la science de tenter de répondre à ces questions qui nous affectent tous. Qu’est-ce que l’esprit ? Qu’est-ce que la conscience ? Pourquoi sommes-nous comme nous sommes ? Y a-t-il quelque chose d’autre ? Que se passe-t-il lorsque nous mourrons ? Et ces sujets ne sont pas encore entrées dans le monde scientifique mais je crois que cela commence à changer et je crois que c’est important. Donc j’espère que mon travail peut encourager d’autres scientifique qui je l’espère resteront neutres et non biaisé. https://skeptiko.com/sam-parnia-claims-near-death-experience-probably-an-illusion