Le défibrillateur n’est qu’un outil qui permet de sauver la vie de victimes d’arrêts cardiaques.
Mai 2019. La loi impose désormais aux Etablissements Recevant du public de s’équiper d’un défibrillateur. Elle aurait du leur imposer de s’organiser…
Moment difficile dans une entreprise de traitement des déchets à Buc (département des Yvelines, 78). Je suis venu livrer un défibrillateur et effectuer une courte présentation devant des collaborateurs. L’entreprise a décidé de s’équiper et a compris l’enjeu. Je commence par situer le recours au défibrillateur dans le cadre de la chaîne de survie. A peine ai-je rappelé qu’il est indispensable de donner immédiatement l’alerte aux urgences qu’une femme éclate en sanglot. Je comprends immédiatement… L’hôtesse, qui m’avait chaleureusement accueilli quelques minutes auparavant, a perdu son époux un an auparavant d’un arrêt cardiaque. Elle n’a pas su réagir et sauver la victime. Elle a dû apprendre trop tard, comme tant d’autres, que la rapidité de réaction est vitale dans le cas d’un arrêt cardiaque. Il est vraisemblable qu’elle culpabilise de ne pas s’être donné toutes les chances de sauver l’homme de sa vie. Ce n’est ni la première ni vraisemblablement la dernière personne que je rencontre et dont la vie a été brisée par un tel cataclysme. C’est précisément pour cette raison, suite à diverses rencontre de témoins brisés de ne pas avoir su réagir face à un arrêt cardiaque, que s’est créé Restenvie. https://restenvie.com/
Eviter d’ajouter la culpabilité au deuil
Sauver des vies et donner toutes les chances à chacun de ne pas avoir, en plus du chagrin, en plus du deuil, à s’en vouloir de ne pas avoir su réagir est au centre de notre action. Nous ne sommes pas des vendeurs de matériel, de simples distributeurs de défibrillateurs, même si celui-ci est au centre de notre activité commerciale.
Restenvie, apporteur de solutions
Nous sommes des apporteurs de solutions. En effet, face à un arrêt cardiaque, le matériel n’est que la troisième roue du carrosse ou plutôt la quatrième. En effet, aux trois étapes vulgarisées par la Fédération Française de Cardiologie, Appeler, masser, défibriller, il faut ajouter une étape initiale, celle de diagnostiquer un arrêt cardiaque. Cette suite de gestes se nomme la « chaîne de survie »
Le seul défibrillateur ne suffit pas
9 années après sa création, Restenvie dresse le même constat qui a précédé son engagement : trop d’entités s’équipent sans comprendre l’environnement de cet équipement. Le défibrillateur reste un nouvel équipement. La plupart des consommateurs sont très peu éduqués. Trop d’acheteurs s’équipent en ne prenant qu’un seul critère en compte, celui du prix. Et souvent, la décision porte sur des sommes d’autant moins importantes qu’elles portent souvent sur des équipement beaucoup moins importants. NB: la société Restenvie s’engage à offrir une paire d’électrodes Lifepak à toute personne ayant lu cette ligne et signalant par mail que le paragraphe « le seul défibrillateur ne suffit pas » contient une phrase invitant à la contacter contact@restenvie.com
Un coffret inconnu du public n’a presqu’aucun intérêt
Cette observation concerne toutes les organisations. Les conséquences sont plus lourdes pour les petites communes. Fixer sur un mur, aussi visible soit-il, comme très souvent la façade de la mairie, un coffret avec le signe « DAE » ou le mot défibrillateur, ou encore le symbole du cœur traversé d’une flèche et penser que cet appareil sera utilisé, relève au mieux de la légèreté. Je conseillerai aux communes de garder leur argent. Il y a certainement beaucoup d’autres causes à défendre et d’autres nécessiteux à aider avec ces budgets.
Ainsi équipée, la probabilité que l’équipement ne soit jamais utilisé est extrêmement élevée. En effet, les obstacles à l’utilisation des défibrillateurs sont extrêmement nombreux. Ils sont heureusement relativement faciles à lever.
De nombreux obstacles à l’utilisation des défibrillateurs
Enumérons en quelques-uns :
1) La méconnaissance du secourisme.
En France, malgré des efforts remontant aux attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, le pourcentage de la population formée reste extrêmement faible. Le monde politique ayant décidé que la médecine était un monopole d’état, l’enseignement et le rôle du secourisme reste extrêmement limité. Ainsi, la France reste loin derrière ses voisins du nord avec un pourcentage de population formée très bas, environ 20%.
2) Des facteurs culturels conduisant à l’erreur.
Les quelques connaissances de la population sont fortement orientées par les séries américaines. Il serait intéressant de connaitre le nombre de fois ou le 911, numéro des urgences nord-américaines, est utilisé… On constate ainsi une perte de temps énorme au moment des arrêts cardiaques. Le recours au médecin de famille, à l’ami qui a infirmier ou brancardier ou militaire, au pharmacien, voir à la mairie ne sont pas rares. Dans le cadre des arrêts cardiaques, la conséquence immédiate est la perte d’un temps potentiellement vital pour la victime.
3) Le stress et l’anxiété.
Ce sont des éléments les plus paralysants qui soient. Face à un arrêt cardiaque, une personne qui ne se maîtrise pas va être paralysée. Le stress peut en effet nuire à la performance et conduire à une paralysie génératrice de perte de temps. Hors, le temps est l’élément le plus important de la chaîne de survie. Selon les individus, le stress peut conduire à l’affrontement ou à la fuite. La fuite est fatale. Le stress nait de la confrontation entre les exigences auxquelles est soumis un individu et les ressources qu’il peut mobiliser. Un même agent de stress n’aura donc pas le même impact sur différents individus, en fonction de la perception et des possibilités de régulation individuelles. La gestion du stress se focalise sur l’individu et sa capacité personnelle de faire face aux événements.
4) Evacuer le stress
Puisque le stress est dû à l’évaluation de sa situation par le sujet, il doit apprendre à changer sa façon de voir les choses. Afin de maîtriser son stress, l’individu doit donc apprendre des stratégies pour rétablir l’équilibre entre les demandes de la situation et ses ressources personnelles. C’est la façon traditionnelle, dont est abordée la gestion du stress dans le domaine de la psychologie du sport (Le Scanff, Famose, 1999). Elle consiste en l’apprentissage de techniques psychophysiologiques et mentales, qui ne changent rien à la relation personne-environnement.
En conclusion de ce point, le stress est surmontable par tous à condition qu’un individu ait été familiarisé avec l’événement auquel il est confronté.
Cela signifie pour celui qui implante un défibrillateur dans un environnement collectif :
1) Familiariser le public avec l’équipement.
Eviter absolument de réserver le défibrillateur aux seuls SST. Chaque collaborateur peut voir sa vie brisée par une confrontation fatale à l’arrêt cardiaque d’un de ses proches.
2) Mettre en place une signalétique explicite.
Dans l’ensemble, la plupart des distributeurs de défibrillateurs incitent le public commettent une grande erreur en limitant la signalétique aux seuls panneaux « officiels ». Ces panneaux sont ceux recommandés par l’ILCOR (International Liaison Committee On Rescucitation ou Comité International de Liaison pour la Réanimation). Les panneaux représentant les lettres « DAE », ou le mot « défibrillateur » ou encore n’indiquant que la symbolique du défibrillateur, un cœur traversé d’un éclair, sont une base commune mais largement incompréhensibles, voir inquiétants pour des populations très peu formées au secourisme. Face à une signalétique mystérieuse, la plupart de ceux qui fréquentent un site pratiqueront l’évitement.
3) Ainsi, il est indispensable de répéter tant que possible ce qu’est la chaîne de survie (appeler les urgences, masser et défibriller) et de le faire clairement connaître. C’est l’objectif des panneaux livrés avec les défibrillateurs par la société Restenvie.
4) Répéter l’information.
Répéter les panneaux explicites dans les lieux stratégiques pour démultiplier les points de contact avec la « chaîne de survie » et la localisation des défibrillateurs. Désormais, avec les panneaux, nous livrons des documents en base powerpoint afin que, sans supplément financier, le lieu précis du défibrillateur soit répété à plusieurs points de passage du bâtiment équipé.
5) Etendre la formation au plus grand nombre et la répéter régulièrement.
Répéter régulièrement des formations courtes et inviter le public (habitants, collaborateurs, clients, etc) à suivre les formations données par les associations de secourisme (Pompiers, Croix Rouge, Croix blanche, Protection civile, etc.)
6) Intégrer les programmes de secourisme dans tous les parcours scolaires et citoyens.
Une loi, des règlements et des circulaires existent afin de former les élèves. L’Education Nationale ne les applique encore qu’insuffisamment.
7) Faire enregistrer le matériel auprès des urgences
La loi du 28 juin 2018 prévoit la création d’un organisme chargé de gérer le Répertoire National des Défibrillateurs. Depuis 2010 L’Association pour le Recensement et la Localisation http://arlod.fr
8) Utiliser les applications mobiles.
Les applications de secourisme pour téléphones se multiplient du style sst.org, http://www.sauveteurs.org/appli-ssf/presentation.php Staying alive ou sauv’life. Elles permettent à la fois de donner facilement l’alerte aux urgences et de prévenir les secouristes qui seraient proches de l’accident. Ces applications fonctionnent partout en Europe. Avec elle les gens sont de mieux en mieux protégés au travail, dans la rue et à leur domicile.
Il est indispensable de les faire télécharger par le plus grand nombre.